Source : La Marseillaise
Date : Lundi 30 novembre 2015
Var. Les premières assises de la laïcité seront organisées à l’initiative de la Maefe à La Seyne. Samedi 5 décembre, à partir de 10 heures, médiathèque Andrée-Chédid, quartier Berthe.
A ceux qui mésestimeraient l’utilité du tissu associatif dans la cité, le rôle de la Maefe (pour Maison Associative Enfance Famille Ecole), à La Seyne, est la meilleure réponse à opposer. Dans cette structure située au coeur du quartier Berthe, beaucoup des questions qui se posent de façon si criante en ce moment, au regard de l’actualité dramatique, sont prises en considération depuis bien longtemps… Simplement parce que les animateurs oeuvrant au sein de cette association s’impliquent au quotidien sur le terrain.
Illustration en est faite avec l’organisation des assises de la laïcité, samedi 5 décembre à la médiathèque Andrée-Chedid, une journée résultant de l’occurence de tout un cheminement depuis 2014.
« C’est un projet pédagogique qui a évolué à partir de ce que l’équipe a fait ressortir : les enfants, surtout les 8-10 ans, faisant beaucoup d’amalgames entre culture, religion, origine, identité, raconte Estelle Gaudry, directrice de la Maefe. Dans ce quartier à forte population issue de l’immigration du Maghreb, ils faisaient des raccourcis… "Je m’appelle Mohammed, je suis musulman", et se groupaient spontanément par origine. »
Aussi, est-il apparu nécessaire d’aborder ces notions de « faire comprendre les différences » notamment au moyen de supports artistiques.
Les enfants ont ainsi peint une fresque dans le cadre d’ateliers animés par l’artiste Daniel Chaland et ont réalisé « des petits films d’animation sur le racisme » avec les Ateliers De l’Image.
Au départ, c’est donc pour valoriser ces travaux que le projet d’une manifestation est né. La médiathèque municipale, sollicitée pour l’accueillir, a alors souhaité s’y inscrire pleinement*. Les premières assises de la laïcité s’y tiendront toute la journée du 5 décembre (10h à 12h et 14h à 18h)*.Un programme pour tous
Le matin : tables rondes des enfants sur le thème du « vivre ensemble », performance artistique collective, contes autour de la laïcité. L’après-midi, à destination des familles : nouvelles discussions, jeux de société coopératifs, ateliers lecture, et pour commencer, l’arbre à palabres avec Jean-Paul Mignon, conseiller jeunesse de la Direction Régionale de Cohésion Sociale, qu’Estelle Gaudry présente comme « un militant de l’éducation populaire très abordable ».
Un programme qui déroulera par conséquence de toutes les initiatives menées dans l’objectif de « favoriser le lien ». Il a par exemple été question des repas à la cantine : « Halal, pas halal ? Végétarien ? » La Maefe a également noué un partenariat avec l’école Jean-Zay où une action a traité des valeurs de liberté, égalité, fraternité (la devise de la République française sera apposée au fronton de la maternelle en juin). « L’idée est que les enfants mènent le débat pour d’autres » et d’une manière générale que « les gens libèrent leur parole ». Ces assises sont d’ailleurs ouvertes à tous : « Nous ne tenons pas à rester qu’entre habitants du quartier », précise la directrice.
Ce samedi se clôturera avec un concert (hip-hop, reggae…) donné par « les jeunes engagés » de l’association Omaseyne, autour d’un « buffet du monde ».
Mais cette première édition ne sera qu' »une étape dans un projet qui se veut un tremplin aux débats publics ».
LAURENCE ARTAUD
* Organisée aussi avec Expressité Libre, le Foyer Wallon Berthe, les yeux dans les jeux, l’Omase, la Ville.
« Quoi de neuf ? »
Tous les matins et tous les soirs à la Maefe, « on fait des "Quoi de neuf ?" avec les enfants », explique Estelle Gaudry, la directrice de l’association. Ce sont des espaces qui offrent à chacun de s’exprimer à sa guise.
« Et en ce moment, précise-t-elle, [l’interview a été réalisée le 25 novembre, NDLR], tout tourne autour des attentats de Paris : les enfants ne comprennent pas, ils veulent avoir des réponses. » Même témoignage en ce qui concerne les adultes.
Dans le cadre des échanges que permet la structure, « les familles apprécient beaucoup de pouvoir s’exprimer, elles ont besoin d’aborder ces sujets, de libérer leur parole, car ces événements leur font peur.
Les femmes, en particulier, ont besoin de se sentir rassurées, elles disent qu’elles subissent des amalgames. Certaines de celles qui portent le voile n’osent plus prendre le bus », ajoute Estelle Gaudry
« La maison associative enfance famille école »
Trois « grands objectifs » animent les travailleurs sociaux de la Maefe (Maison associative enfance famille école), explique sa directrice Estelle Gaudry. Le premier étant de « favoriser l’accès à la culture pour tous ». L’association a ensuite pour vocation de « sensibiliser au développement durable ». Ce en considérant « les trois piliers : économique, social et solidaire » : « l’environnement, nous voulons faire comprendre à notre public que c’est un tout. » La responsable cite comme troisième axe de travail : « la participation citoyenne et en autonomie des publics ».
La Maefe dispose de quatre structures toutes situées dans le quartier nord de La Seyne. Elle accueille environ 120 enfants, une vingtaine de familles.
Car elle mène également des actions en direction des adultes, dont une qui s’adresse plus particulièrement aux femmes : les ateliers de cuisine. Soit un bon prétexte à « l’échange de pratiques ». Et les dames ouvrent leur table le vendredi midi*, ce qui leur permet d’autofinancer des petits séjours culturels. Elles sont ainsi parties quatre jours à Barcelone, quatre jours à Paris…
Les hommes aussi ont toute leur place dans la « maison ». Ils participent notamment à la vie de l’association en y effectuant « des petits travaux de rénovation », en organisant des tournois de foot… « Ils aident pour le bien des enfants. » Et « ils viennent de plus en plus », remarque Estelle Gaudry.
La Maefe organise des groupes de paroles – avec l’Avef (Association Vivre En Famille) – dans le cadre d’un accompagnement à la parentalité. Chaque mois, une séance est d’ailleurs désormais consacrée au rôle du père.
À noter qu’en ce qui concerne les assises de la laïcité, l’association a reçu le prix régional du fonds MAIF, lequel « récompense et soutient un projet associatif oeuvrant au quotidien en faveur de l’accès à l’éducation et du partage de la connaissance, dans une optique sociale, citoyenne, éducative et culturelle ».
LAURENCE ARTAUD